Comment se prennent les décisions au sein des couples ?
Le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) a rendu publics les résultats d’une enquête menée auprès de couples. L’analyse porte principalement sur les décisions en matière de logement et l’organisation financière du couple, tout en abordant plus rapidement quelques éléments sur le partage des tâches domestiques et parentales.
Choix du logement – « Le choix du logement se fait majoritairement à deux. Dans 48 % des cas, le choix du logement s’est appuyé sur des critères énoncés par les deux conjoints, dans 16 % des cas, les critères d’un seul conjoint ont été déterminants, 22 % indiquent qu’aucun des critères n’a été déterminant et 14 % se disent non concernés. »
« Le choix du logement est d’autant plus discuté que la catégorie sociale est élevée : 59 % des cadres ont choisi leur logement en intégrant les critères des deux conjoints, contre 45 % des employés et 39 % des ouvriers. »
Aménagement du logement –« Le dernier mot sur l’aménagement du domicile revient très souvent à la femme (53 % des cas), parfois aussi souvent à l’un et à l’autre conjoint (34 %) et plus rarement à l’homme (10 %). »
Organisation financière du ménage – « 64 % des couples mettent en commun l’intégralité de leurs ressources ; 18 % conjuguent une mise en commun partielle des ressources avec une certaine autonomie financière. »
« La mise en commun totale apparaît plus ou moins fréquente selon les situations – importante lorsque les couples sont mariés, ont des enfants, lorsque l’un des partenaires est inactif, moins fréquente lorsqu’il ne s’agit pas d’une première union ou lorsque le niveau de diplôme ou niveau de vie des conjoints est élevé (Ponthieux, 2012) –, mais elle reste toutefois majoritaire dans la plupart des cas. »
Arrivée d’enfants et tâches ménagères – « L’arrivée d’enfants déséquilibre la prise en charge des tâches ménagères. Beaucoup d’hommes sont largement désinvestis des tâches ménagères : 91 % n’ont pas repassé le linge la semaine précédant l’enquête, 60 % n’ont pas fait le ménage courant, 48 % n’ont pas fait la vaisselle, 50 % n’ont pas touché aux fourneaux et 36 % n’ont pas pris en charge les courses quotidiennes. À l’inverse, 93 % des femmes ont fait le ménage, 93 % la cuisine, 85 % les courses quotidiennes, 83 % la vaisselle et 73 % le repassage. Elles passent également deux fois et demi plus de temps que les hommes à s’occuper des enfants. »
« L’arrivée des enfants dans le couple accentue les déséquilibres et les tensions : la présence d’un premier enfant apparaît déterminante en particulier dans la spécialisation des rôles des conjoints vers des rôles traditionnels, les enfants suivants bouleversant moins les équilibres mis en place. La prise en charge des tâches domestiques a tendance à être d’autant plus sexuée que le foyer compte d’enfants. Au fur et à mesure des naissances, les femmes y passent de plus en plus de temps. Une mère avec un seul enfant consacre en moyenne quarante-huit minutes par jour à faire le ménage. Avec trois enfants, le temps passé aux travaux domestiques est de soixante-deux minutes pour les mères, tandis qu’il stagne autour de douze minutes pour les pères, et ce quelle que soit la taille de la fratrie. »
« Les désaccords au sein du couple ne sont pas beaucoup plus fréquents au fur et à mesure que le nombre d’enfants augmente : l’entente totale passe de 65 % sans enfant à 55 % avec trois enfants, ce qui conforte l’idée que le déséquilibre des tâches domestiques est encore aujourd’hui perçu comme une norme acceptable. Le seul signal d’un certain sentiment d’injustice est la progression très ténue de la propension à penser à la séparation (31 % des femmes avec trois enfants y songent, contre 25 % des femmes sans enfant). Cette propension augmente également un peu chez les hommes (20 % des hommes sans enfant à 23 % pour les pères de trois enfants).
Commentaires récents